Dieu et la Science : conciliable, ou pas ?

« Dieu et la Science », c’est le thème des Grands débats de Sciences et Avenir organisés en partenariat avec France Culture, le magazine La Recherche, l’Ecole Polytechnique et la MGEN. Et c’est dans le magnifique cadre du Collège des Bernardins (Paris 5e) que les échanges et débats ont commencé le samedi 11 avril 2015. Des intervenants reconnus comme Etienne Klein, physicien et philosophe, Nidhal Guessoum, astrophysicien, ou encore Marie-Hélène Grintchenko, historienne et théologienne, ont commencé à exposer leurs vues autour du thème de la première conférence, « Cosmologie : naissance de l’Univers et création du monde ».

« La Science relève d’une méthode, et non pas de la religion » – Nidhal Guessoum

La première table ronde a été lancée par Azar Kalatbari, journaliste spécialisée en cosmologie à Sciences et Avenir, avec une question adressée à Nidhal Guessoum. Peut-on trouver un « léger chevauchement », une façon de relier la Science du Cosmos et une interprétation religieuse de l’Univers ? « Il n’y a qu’un siècle que la cosmologie est devenue scientifique » rappelle d’emblée l’astrophysicien pour qui la cosmologie est restée longtemps une science « hautement spéculative ». « Il y a tout juste 100 ans, ni l’expansion de l’Univers, ni son âge, ni même l’existence de plus de 100 milliards de galaxies n’était connue. « En 1915, une seule donnée était vraiment connue : c’est que le ciel est noir », s’amuse-t-il. Il insiste en tout cas sur un point qui lui tient à cœur : « la Science relève d’une méthode, et non pas de la religion ».

Dès lors « l’ancienne alliance est rompue » comme le disait Jacques Monod et « l’homme doit faire le choix entre le royaume et les ténèbres. » Et pour lui, il faut désormais composer avec « une science avérée et établie », avec les « données que la science nous met sur la table », pour « conceptualiser cet univers qui ne fait plus peur ». Malgré ces postulats, Nidhal Guessoum cherche à proposer aux musulmans de « rajouter une interprétation théiste » aux données scientifiques, en puisant notamment dans la réflexion du philosophe musulman du XIIe siècle, Averroes.

Un exercice aussitôt contredit par le physicien Etienne Klein : « D’habitude, j’évite ce genre de débats  – Dieu et la Science – car tout a été dit. On laisse accroire qu’il y aurait du neuf : il n’y a pas de neuf. La Science est née d’une émancipation par rapport aux textes » sacrés. Pour lui, il est inutile de rechercher ce « sparadrap syncretique qui permettrait de rendre compatible les deux discours ».

Publié dans Sciences et Avenir, le 11 avril 2015.